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Fini de rire au Guatemala avec Jimmy Morales ?

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Les Guatémaltèques étaient convoqués aux urnes le 25 octobre pour le second tour de l’élection présidentielle. Entre Sandra Torres (Union nationale de l’espérance, UNE) et Jimmy Morales (Front de convergence nationale, FCN), les votants ont préféré le dernier. Sa particularité ? N’avoir aucune expérience politique. Cela a joué en sa faveur pour un peuple lassé par les affaires de corruption.   

Jimmy Morales, ici en route pour un meeting le 22 octobre 2015, a été élu Président du Guatemala avec 67,44% des voix.
Jimmy Morales, ici en route pour un meeting le 22 octobre 2015, a été élu Président du Guatemala avec 67,44% des voix.

Lorsque J. Morales a annoncé sa candidature, personne n’aurait parié sur lui. Pourtant, ce comédien, plus connu pour ses sketchs que pour son engagement politique, est arrivé en tête du premier tour le 6 septembre (24% des suffrages exprimés), avant de s’imposer dimanche dernier (67,44% des voix). Il a ainsi devancé S. Torres, ancienne première dame et Manuel Baldizon (Liberté démocratique rénovée, LIDER), un homme d’affaires habitué à la politique. Dans un premier temps, ce dernier avait même fait figure de favori.

Ces résultats reflètent le contexte particulier dans lequel la campagne s’est déroulée. En effet, la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG), organisation internationale mise en place suite à la signature d’un traité entre le Guatemala et les Nations unies en 2006, a révélé une affaire de corruption. Lors d’une annonce faite en avril 2015, la CICIG  a annoncé que de nombreuses hautes personnalités de l’Etat étaient impliquées dans cette affaire de fraude douanière (La Linea). Près de 3,8 millions de dollars auraient été détournés entre mai 2014 et avril 2015. Parmi les accusés il y avait notamment la vice-présidente Roxana Baldetti, et le Président de la République, Otto Pérez Molina.

Une mobilisation populaire massive n’a cessé de réclamer la démission de O. Pérez Molina. Ce réveil citoyen a obtenu gain de cause le 3 septembre. Le Président de la République a démissionné. Il doit désormais répondre à la justice de son pays. Cette petite victoire n’a pas été pour rien dans l’élection de J. Morales.

Ainsi, on ne peut que constater un véritable rejet des figures politiques traditionnelles, et des pratiques qui leur sont associées, par les Guatémaltèques. Cependant, on peut se demander de quoi le futur se fera fait pour le pays, avec un humoriste sans expérience à sa tête.

Le nouvel élu a en effet du pain sur la planche. Le Guatemala, qui est le pays le plus peuplé d’Amérique centrale, a 54% de sa population vivant sous le seuil de pauvreté. Il y a aussi beaucoup à faire en termes d’infrastructures médicales, et éducatives. Le programme de J. Morales, qui ne faisait que six pages, va devoir être étoffé pour parvenir à répondre à ses problématiques importantes. Il a annoncé vouloir s’attaquer à la malnutrition infantile, mais n’a pas présenté de projet concret. Quant à la CICIG qui œuvre pour lutter contre la corruption, il a beau avoir félicité ses résultats, il a annoncé sa dissolution dans les six années à venir.

De plus, il y a toujours une inconnue importante : la composition de son futur gouvernement. On sait déjà qu’il va être obligé de composer avec les partis politiques traditionnels ; le FCN n’ayant obtenu que 11 sièges sur les 158 présents au Parlement. La collaboration ne s’annonce pas facile car il les a beaucoup attaqués pendant la campagne. Pour ce qui est de ses soutiens connus, ils ne sont pas très rassurants. Sa principale adversaire S. Torres les a d’ailleurs critiqués à plusieurs reprises pendant l’entre-deux-tours. Son parti le FCN a été créé en 2007 par des membres de droite d’une association de vétérans militaires soupçonnés de violation des droits de l’Homme durant la guerre civile (1960-1996). Même si J. Morales a nié a plusieurs reprises tout lien avec des officiers militaires, cela n’a pas toujours convaincu.

 J. Morales doit représenter un avenir sans corruption pour le Guatemala. Mais il doit également réussir à mettre en place des politiques efficaces pour rassurer ses électeurs. Il doit aussi parvenir à convaincre les 43,68% qui ne sont pas venus voter au second tour qu’il n’est pas comme les autres figures politiques. Par la même occasion, il devra bien choisir ses collaborateurs. Cela fait beaucoup d’objectifs difficiles à atteindre pour un homme qui n’a jamais exercé de charge publique.

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